Editor’s note: this post first appeared in the historical GIS series as Teaching Historical GIS and Restoring Lost Communities in the Classroom. It has been translated by members of Géohistorie Canada: Partenariat canadien en systèmes d’information géographiques historiques.
Les Canadiens sont en position de force dans le domaine de l’analyse géospatiale depuis l’élaboration de l’inventaire des terres du Canada et du premier système d’information géographique (SIG) au monde dans les années 1960 et 1970. De même, les historiens et les géographes ont fait de grands progrès dans la recherche sur les systèmes d’information géographique historiques (SIGH) au cours de la dernière décennie, comprenant plusieurs projets de NiCHE, une collection éditée en 2014 et le Partenariat canadien SIGH. Le Canada est grand. De façon typiquement moderniste, les scientifiques d’après-guerre, qui essayaient de le comprendre, ignoraient les connaissances des populations rurales, nordiques et autochtones qui comprenaient leurs terres et leurs eaux. Au lieu de cela, les scientifiques se sont tournés vers des outils numériques comme les SIG pour examiner et mesurer la nation. Dans ce que nous croyons être une approche post- normale et intégrative, les historiens, qui utilisent ces logiciels, critiquent également les processus normatifs qu’ils ont aidés à créer. Mais le Canada est encore grand; ses bibliothèques, ses étudiants et d’autres ressources de connaissances sont très éloignés. Nos communautés de chercheurs emploient des outils numériques pour collaborer et communiquer les résultats à travers le continent. Ce billet met l’accent sur les étudiants qui utilisent ces outils et les nouvelles façons dont les historiens enseignent les SIG historiques en ligne. Cela a donné un coup d’envoi à une série de textes écrits par des collaborateurs de NiCHE et du Partenariat canadien SIGH sur les outils et les analyses géospatiales pour les historiens canadiens.
J’enseigne les sciences humaines de l’environnement à l’Université d’État de l’Arizona (Arizona State University, ASU) et même si je suis Canadien mes étudiants du Sud-Ouest sont généralement plus intéressés à ma connaissance de l’histoire numérique, des SIG historiques et de l’histoire environnementale. J’enseigne comment les outils numériques nous permettent d’exploiter l’importance de l’espace dans la conscience moderne. Au début, je craignais de ne pas pouvoir utiliser mes recherches canadiennes dans mes cours américains, mais j’ai découvert que l’histoire des lieux est étonnamment polyvalente dans le cadre de l’enseignement. Elle voyage bien sur un support numérique. J’ai aussi appris que beaucoup de mes étudiants ne sont pas du tout du Sud, principalement en raison de la croissance de l’ASU dans l’enseignement en ligne. Dans ma première année, j’ai enseigné deux cours en ligne aux étudiants à la maîtrise, l’un portait sur l’histoire numérique et l’autre sur les SIG en histoire.
Dans le cours de SIGH, j’ai décidé d’amener les étudiants à réaliser des exercices pourtant sur une histoire locale. Je leur ai enseigné la matière à partir de mes exemples canadiens et je leur ai assigné des projets de groupe dans le territoire relativement inexploré de la région métropolitaine de Phoenix. Ainsi, à l’été 2016, 26 étudiants à la maîtrise ont appris des SIG de base entièrement en ligne. Ils ont appliqué les compétences qu’ils ont apprises en utilisant les données de l’Île-du-Prince-Édouard et ils ont ensuite travaillé en groupes pour recréer la géographie historique de trois « quartiers perdus » de certaines régions du sud-ouest où beaucoup d’étudiants n’avaient jamais mis les pieds.
L’apprentissage en ligne des SIGH est possible en partie grâce au tutoriel ouvert d’accès de The Geospatial Historian et grâce à des logiciels open source comme QGIS. Les étudiants étaient impatients d’essayer le logiciel et de l’appliquer aux échantillons de données de l’Île-du-Prince-Édouard à travers les leçons de Geospatial Historian. En travaillant sur de nouvelles études de cas de l’IPE ils étaient capables de traiter des cartes historiques d’un atlas de 1880, de vérifier leurs résultats « sur le terrain » à partir des SIG, puis de numériser les résidences enregistrées sur les cartes. Les élèves ont appris à géoréférencer des cartes historiques et déterminer quels éléments cartographiés étaient appropriés pour l’analyse à différentes échelles. Ils ont travaillé individuellement, mais le résultat final est une carte collective des modèles d’établissements ruraux dans la province.
Les étudiants se sont ensuite attardés à leur travail principal dans la région de Phoenix. Ils ont avidement utilisé les outils et les projets parce qu’ils ont reconnu l’importance de ce type de travail. Les trois quartiers que nous avons sélectionnés reflètent certains des problèmes sociaux les plus critiques de notre époque : le racisme dans les écoles résidentielles, comme Phoenix Indian School, ainsi que la pauvreté, les migrations et la ségrégation dans les barrios mexicain-américain des régions frontalières du sud-ouest. Deux de ces quartiers sont des villes fantômes virtuelles au milieu de grandes villes du sud- ouest, mais, de différentes manières, ils accueillent leurs anciens résidents.
Groupe 1 du cours HST580, visite du site à Phoenix Indian School
Le Phoenix Indian School était l’un des plus grands et plus anciens pensionnats résidentiels des États-Unis. Il a été désaffecté par le gouvernement fédéral en 1990. Les communautés autochtones à proximité sont très actives dans sa restauration et les récents efforts ont conduit à des projets de préservation historique. L’un des groupes de ma classe en SIGH a fait un excellent usage de la technologie et des enregistrements numériques pour recréer certains des changements importants sur ce qui est maintenant un monument très précieux de Phoenix. Le SIGH et le forum en ligne ont facilité leurs recherches et dynamisé leur travail. Comme les autres équipes, le groupe de Phoenix Indian School a demandé aux membres locaux de visiter le site. Ces deux étudiants ont examiné le site pendant la chaleur estivale et ils ont interviewé des experts locaux comme Patty Talahongva, une ancienne étudiante du pensionnat qui travaille maintenant à construire un projet de mémoire et de guérison dans l’un des bâtiments principaux de l’école. (Voir le site Web des étudiants de Phoenix Indian School ici)
San Pablo était un quartier hispanique de l’est de Tempe en Arizona qui a complètement été rasé dans les années 1950 pour faire place à l’expansion de l’ASU. Les étudiants du groupe d’étude de San Pablo ont utilisé plusieurs méthodes novatrices, y compris des vidéos Prezi et l’interprétation de photographie aérienne historique pour montrer la façon dont cette communauté a vécu au début du XXe siècle. D’une certaine façon, les habitants de San Pablo sont revenus dans le cadre des initiatives de la New American University visant à encourager l’inscription des étudiants de couleur et à rendre le corps étudiant représentatif de la démographie locale. (Voir le site Internet des élèves de San Pablo ici).
Le troisième quartier, le barrio de migrants de l’après-guerre Victory Acres est le seul des trois « quartiers perdus » qui existe encore dans la région métropolitaine de Phoenix. Cependant, il a été complètement transformé par le développement urbain des années 1970 et la construction routière dans les années 1980. En 1993, un historien local a affirmé que « Victory Acres ne garde que quelques vestiges du vieux quartier » [1]. À l’aide d’une combinaison d’histoires locales, de photographies aériennes historiques, de données de recensements et de visites sur les lieux, les élèves de ce groupe ont reconstruit Victory Acres avant et après le développement d’une grande route qui a isolé le quartier et qui a rasé un bon nombre de maisons. (Voir le site Internet des élèves de Victory Acres ici).
Le SIG historique est un outil optimal pour la recherche et la reconstruction des quartiers perdus et il est possible d’enseigner ces compétences dans la salle de classe et même en ligne. Cependant, nous avons dû faire face à de nombreux défis. La formation SIG nécessite habituellement un logiciel coûteux et de nombreuses heures de formation technique en laboratoire. La réalisation de projets de géographie historique requiert souvent des personnes ayant des connexions dans la localité pour avoir accès aux archives, trouver des cartes et d’autres sources historiques non numériques ainsi que pour recueillir des données sur le terrain afin d’expliquer des problèmes de cartographie, de géoréférencement et de données historiques. Nous avions un soutien technique limité, aucun soutien local sur le terrain et seulement six semaines pour exécuter le travail. La plupart des étudiants avaient peu ou pas d’expérience en SIG ou en géographie historique. En outre, je voyageais et le cours était donné presque entièrement loin de mon bureau. Il est donc remarquable que les élèves aient accompli autant qu’ils l’ont fait.
Heureusement, Jim Clifford, Daniel Macfarlane et moi avions produit un didacticiel ouvert d’accès en ligne conçu pour introduire les historiens aux simples projets d’analyse et de développement de SIG. Le site s’appelle The Geospatial Historian, et, suivant le modèle de Programming Historian, il a été conçu pour apprendre aux étudiants à utiliser des logiciels open source pour faire de l’histoire numérique. En juin, j’ai présenté le site Web de Geospatial Historian à la réunion mi-parcours du Partenariat canadien en SIG historique (voir les diapositives ici) et j’ai discuté de mes projets pour l’utiliser pour l’enseignement à l’ASU.
Une autre clé du succès du cours a été d’obtenir les données historiques de la bibliothèque de l’ASU et de la collection de photographies aériennes historiques du comté de Maricopa (Historical Aerial Photograph Collection). En utilisant des photographies aériennes historiques dans un SIG, les élèves ont pu recréer de grandes sections de ces quartiers et comparer les changements au fil du temps.
Le SIG historique est une pratique dans le domaine plus large des humanités numériques (ou comme Ted Underwood l’a récemment décrit en utilisant « des chiffres » pour comprendre les humanités). Richard White considère le SIG comme un élément clé du « tournant spatial » dans les sciences humaines et il soutient que les chercheurs en SIGH découvrent souvent plus qu’ils ne donnent eux-mêmes du crédit. Mes étudiants ont fait un usage novateur de cette nouvelle méthodologie pour découvrir le racisme systémique des développements urbains modernes, des autoroutes au campus universitaire. Cependant, ils ont souligné les histoires humaines derrière les données. Ils ont reconnu qu’un SIG historique est essentiellement un système pour stocker l’information et faire des cartes, deux compétences qui ont été assez bien codifiées au début des Lumières. Pour tout son battage médiatique, le SIGH est, à bien des égards, un système de classement informatisé pour la cartographie.
L’une des caractéristiques centrales d’un SIG historique est de stocker et d’accéder à de grandes quantités de données spatialement explicites. Comme tous les historiens, nos classeurs recueillent beaucoup d’informations qui n’apparaîtront d’aucune façon dans un projet publié. Il en est de même pour un SIG. Un travail minutieux sur les séries de données au niveau de la rue, année par année, peut souvent aboutir à une couche qui n’est jamais publiée ou, du moins, à une couche dont les attributs historiques ne sont pas étiquetés ou discutés. Cependant, c’est un outil qui permet à l’historien non seulement de stocker l’information, mais aussi de la traiter et de l’analyser de manière totalement unique. Les nouvelles avenues d’enseignement de l’histoire de l’environnement et de la géographie historique à travers l’histoire du numérique et des projets comme le Partenariat canadien en SIGH promet beaucoup aux étudiants canadiens et aux paysages perdus ou changeants.
Remerciements
Je tiens à remercier les étudiants du cours HST 580: GIS for Historians pour leur excellent travail sur ces communautés. Je tiens également à souligner l’aide et les conseils offerts par de nombreux collèges et professionnels du SIG, notamment including Nancy Dallett (ASU), Eric Feldman (Maricopa County), William Kyngesburye (KyngChaos), Tammy Parker (City of Phoenix), Matt Robinson (ASU), Jared Smith (Tempe History Museum), Patty Talahongva (Native American Connections), Mark Tebeau (ASU) Philip VanderMeer (ASU), Karina Wilhelm (ASU Map Library), Mary Whelan (ASU GIS Librarian).
[1] Scott W. Solliday, “the Journey to Rio Salado: Hispanic Migrations to Tempe, Arizona” (ASU MA Thesis, 1993), 123.
Josh MacFadyen
Latest posts by Josh MacFadyen (see all)
- The Grass Roots of a PEI Potato Farm - May 9, 2022
- The Stubborn Commuter - November 3, 2021
- Post-Doctoral Fellowship – Canada Research Chair GeoREACH Lab – UPEI - April 21, 2021
- The Fir Trade in Canada: Mapping Commodity Flows on Railways - October 8, 2020
- Other Plans: Development and Agriculture in Prince Edward Island - June 27, 2019
- Go Big or Go Spruce - April 2, 2018
- Will it Play in Peoria, Alberta? - January 22, 2018
- Weather Markets: A Business Case for Environmental History - May 17, 2017
- Enseigner les SIG historiques et restaurer les communautés perdues en classe - May 1, 2017
- Teaching Historical GIS and Restoring Lost Communities in the Classroom - November 1, 2016
1 Comment