Appel à contribution: Food and the French Empire. Numéro spécial de French Cultural Studies

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Ce numéro spécial consacré à l’alimentation pendant et après la période coloniale examine la production, la consommation et la circulation de denrées spécifiques, de cuisines et de recettes aussi bien dans l’empire colonial français, qu’au sein des diaspora postcoloniales et dans les métropoles, à travers des approches multidisciplinaires. Ce numéro explore comment les échanges alimentaires contribuent à définir, incarner et véhiculer les notions de nation et d’empire. L’alimentation, qu’elle soit considérée comme matériau d’étude concret, symbole, ou bien comme prisme par lequel explorer les questions sociales, politiques, culturelles ou économiques, permet une approche renouvelée de l’histoire coloniale et de ses suites, dans ses incarnations quotidiennes.

Argumentaire

Ce numéro spécial consacré à l’alimentation pendant et après la période coloniale examine la production, la consommation et la circulation de denrées spécifiques, de cuisines et de recettes aussi bien dans l’empire colonial français, qu’au sein des diaspora postcoloniales et dans les métropoles, à travers des approches multidisciplinaires.
La focalisation sur l’histoire globale de l’alimentation et des pratiques alimentaires pendant la période coloniale permet de mieux comprendre le rôle que le commerce agro-alimentaire a joué dans le maintien et la réussite de l’empire colonial français. La culture de denrées commerciales a refaçonné des paysages et modifié la propriété foncière. Des denrées comme le riz et le vin, des marques telles Banania et Picon sont devenues des produits de consommation coloniaux quotidiens. Leurs publicités, leur distribution et leur consommation ont contribué aux perceptions et aux discours sur l’entreprise coloniale.
Ce numéro spécial explore comment les échanges alimentaires contribuent à définir, incarner et véhiculer les notions de nation et d’empire. L’alimentation, qu’elle soit considérée comme matériau d’étude concret, symbole, ou bien comme prisme par lequel explorer les questions sociales, politiques, culturelles ou économiques, permet une approche renouvelée de l’histoire coloniale et de ses suites, dans ses incarnations quotidiennes. L’étude du domaine culinaire permet d’explorer en détail des phénomènes d’influence et de co-production qui, bien qu’inégaux, n’en restent pas moins mutuels. Les rencontres ou « encontres » (Rosello) culinaires coloniales et les changements qu’elles entrainent permettent de nuancer le paradigme d’un Occident diamétralement opposé à ses Autres. Les pratiques alimentaires offrent une perspective supplémentaire pour observer la porosité des frontières entre colonisé/e et colonisateur/trice lors d’échanges dans le cadre intime de la domesticité. Une image plus complexe de l’équilibre et des relations de pouvoir dans ce qu’on peut appeler, malgré son inégalité fondatrice, l’échange colonial, émerge, montrant que le colonisé n’est pas privé de toute capacité d’action et que les maîtres coloniaux s’avèrent dépendre des autochtones pour leur subsistance. De plus, l’exotisme culinaire, avec sa promotion d’une représentation positive de la rencontre avec l’autre ethnique, (post)colonial, ou racialisé, ouvre un champ d’enquête fertile sur les questions d’authenticité, de domination, d’ingestion, d’assimilation, et une voie d’accès pour démêler les anxiétés sociales sur les identités raciales et ethniques, l’influence et les changements culturels.

Les thèmes et sujets d’études possibles comprennent, mais ne sont pas limités, aux suggestions suivantes :
• L’invention de la gastronomie française et l’assimilation des plats étrangers
• Le sucre : production, consommation, représentations
• Spécialités et denrées spécifiques : nuoc-mâm, harissa, rhum, riz, thé à la menthe, etc.
• Marques spécifiques : Picon, Banania, Orangina, etc.
• Fruits de l’empire et desserts
• Denrées françaises emblématiques outre-mer et à l’étranger
• Créolisations culinaires
• Livres de recette coloniaux
• Vin et viticulture en Algérie coloniale et après l’indépendance
• Commerce halal en France
• Interdictions et prescriptions alimentaires pendant et après la période coloniale
• Alimentations et migrations
• Représentations de l’alimentation des indigènes et des colons au cinéma et dans la littérature
• Dialectique du dégoût et de l’appétit
• Cannibalisme
Pour aborder des questions telles que:
• Alimentation et pouvoir : quels rôles la production et la consommation alimentaires jouent-elles dans la distribution et le contrôle globaux des ressources? Comment l’alimentation lie-t-elle le personnel et le politique.
• Comment définir une cuisine ? Comment analyser les livres de cuisine et les recettes ?
• Réexaminer la domination (post)coloniale à travers le prisme de la consommation alimentaire quotidienne.
• Production et consommation agro-alimentaires comme éléments de propagande coloniale pour rendre l’empire comestible/digeste. La consommation comme discours.
• Alimentation, nation, migration : manger l’ « autre »/manger pour devenir autre, tourisme culinaire et colonisation, pratiques alimentaires et identités nationales/ethniques, acculturation et résistance à travers l’alimentation, la « gastro-politique. »
• Exotismes culinaires, authenticité et domestications, le trope du métissage culinaire, la cuisine fusion, gastro-ethnicités.
• La poétique et la politique des pratiques alimentaires : nourritures magiques, le pouvoir des discours culinaires, le genre du livre de recettes et ses déclinaisons.
• Critique et analyse du genre du « food film »
• Comment lire et conceptualiser le rôle des sens non-visuels dans le cinéma diasporique et les arts et cultures visuelles.

Modalités de soumission
Ce numéro spécial de French Cultural Studies rassemblera jusqu’à 8 articles de 5000 à 7000 mots, en anglais ou en français, par des chercheurs en sciences humaines et sociales qui se concentrent sur le monde francophone dans son ensemble.
Les propositions d’articles sont à envoyer en anglais ou en français à Sylvie Durmelat :durmelas@georgetown.edu
Les propositions, de 500 mots maximum, doivent inclure le sujet de votre article, les questions principales abordées et les sources utilisées.
Prière d’inclure une brève bibliographie de 5 références et de joindre un CV de deux pages à votre soumission.

Dates
• Date limite pour les propositions : 30 septembre 2013
• Réponse le 31 octobre 2013
• Textes complets à envoyer le 15 mars 2014.

Responsable scientifique
Sylvie Durmelat, Georgetown University.

(Source dans Calenda : http://calenda.org/258099)

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Maude Flamand-Hubert

Je suis professeure adjointe en politiques appliquées à la forêt privée à la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval. J'ai soutenu en 2017 ma thèse de doctorat, intitulée "La forêt québécoise dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires" (cotutelle en développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et en histoire à Sorbonne Paris-IV). Mes intérêts de recherche portent sur l'exploitation des ressources naturelles et les politiques publiques, l'histoire forestière, régionale et environnementale, le Québec au XIXe et XXe siècle, les représentations de la forêt et des milieux forestiers.

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