Appel à contribution: Dessiner les lieux, arpenter le monde / Drawing places, straddling the world

Photo: Cicilie Fagerlid

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Event Details


Deadline: Jun 15 2013
Event Date: Nov 14 2013 – Nov 15 2013
Event Website: Event Webpage
City: Clermont-Ferrand
Country: France
Primary Contact Name: Mauricette Fournier
Contact Email: Mauricette.FOURNIER@univ-bpclermont.fr

Voici un appel à contribution pour le colloque Dessiner les lieux, arpenter le monde / Drawing places, straddling the world.

Résumé

Le projet interdisciplinaire MSH LIDO s’est engagé autour de la problématique de la représentation des « lieux » (par la carte, l’image, les mots) et la dialectique des lieux et des œuvres (passage du lieu à l’œuvre et de l’œuvre au lieu). L’intérêt des sciences humaines pour les représentations documentaires, iconographiques ou littéraires des lieux n’est pas récent. Les pratiques et les représentations spatiales intéressent le champ d’études des historiens, historiens de l’art et littéraires qui rencontrent dans leurs démarches archéologues et géographes. C’est bien dans l’activité humaine, objet de toutes ces disciplines, que se créent les espaces, vécus, imaginés, symbolisés, représentés… D’une manière générale, notre programme a pour objet de s’interroger sur le rôle et l’histoire des représentations et d’insister sur la singularité des trajectoires spatio-temporelles : comment un lieu est-il singularisé ou cesse-t-il de l’être ?

Annonce

Le colloque « Dessiner les lieux, arpenter le monde » est porté par une équipe pluridisciplinaire réunie à la MSH de Clermont-Ferrand dans le programme LIDO (« Des lieux, des œuvres. Représentations cartographiques, littéraires et iconographiques des lieux et des territoires. Méthodologie pour la construction de corpus ») qui rassemble des enseignants-chercheurs du CERAMAC, du CHEC, du CELIS, de l’EHIC. Il sera organisé les 14 et 15 novembre 2013 parallèlement aux « Rendez-vous du carnet de voyage ».
Argumentaire

Le projet interdisciplinaire MSH LIDO s’est engagé autour de la problématique de la représentation des « lieux » (par la carte, l’image, les mots) et la dialectique des lieux et des œuvres (passage du lieu à l’œuvre et de l’œuvre au lieu). L’intérêt des sciences humaines pour les représentations documentaires, iconographiques ou littéraires des lieux n’est pas récent. Les pratiques et les représentations spatiales intéressent le champ d’études des historiens, historiens de l’art et littéraires qui rencontrent dans leurs démarches archéologues et géographes. C’est bien dans l’activité humaine, objet de toutes ces disciplines, que se créent les espaces, vécus, imaginés, symbolisés, représentés…D’une manière générale, notre programme a pour objet de s’interroger sur le rôle et l’histoire des représentations et d’insister sur la singularité des trajectoires spatio-temporelles : comment un lieu est-il singularisé ou cesse-t-il de l’être ? Nous partons de l’hypothèse que l’imaginaire est toujours référencé à des lieux, que ces derniers sont reconstruits par la perception de ceux qui l’ont arpenté, des « transcripteurs » influencés par leur culture, qu’ils soient cartographe, missionnaire, voyageur ou artiste. La posture adoptée par ces acteurs (pèlerin, explorateur, promeneur…) comme leur qualité (homme ou femme, oriental ou occidental, salarié de la plume ou soldat…) déterminent leur vision du monde, en dessinent les contours.

Dans cette perspective, nous souhaitons tout particulièrement saisir le lieu dans un contexte de mobilité et d’interculturalité. L’œuvre restitue le lieu par le parcours physique et intellectuel de celui qui l’a « arpenté ». En retour, elle lui donne du sens. On peut aussi s’interroger sur la réception de ce regard extérieur par les habitants du lieu. Plus généralement, il importe de comprendre comment les sociétés s’emparent des œuvres pour construire des lieux. Comment et dans quelles configurations, historiques, sociales, ces productions peuvent-elles changer le regard sur les lieux ? Quelle poétique des lieux a été diffusée par exemple dans les récits et guides de voyage et comment ces perceptions et descriptions ont-elles évolué dans le temps ?

Pour aborder ce questionnement sur la représentation des lieux, nous avons choisi pour ce colloque, qui se déroulera en relation avec « Le Rendez vous du carnet de Voyage », de développer plus précisément la thématique du voyage et des voyageurs en l’associant de préférence à une réflexion sur les représentations cartographiques. En effet, les recherches sur la cartographie se caractérisent actuellement par une grande vitalité qui s’exprime dans divers domaines (géographie, histoire, urbanisme, études paysagistes, arts…). Les cartes cherchent à représenter le monde, ses lieux, ses territoires, ses paysages, pour mieux le « saisir ». Se faisant, elles révèlent l’imaginaire géographique des sociétés qui les conçoivent. Elles sont donc aussi un « instrument d’interprétation du monde », un langage, mobilisé tant pour essayer de rendre compte du réel (cartes documentaires des voyageurs, des géographes) que de l’imaginaire (cartes jointes à des romans, des bandes dessinées).

Les trois entrées suivantes seront plus particulièrement développées :

  1. Voyages en Gaule et cartographie antique dans la latinité tardive (IVe-VIe s.)
  2. Voyages et cartographie missionnaire
  3. Voyages et reportages graphiques : albums, carnets, images de voyage
  4. Voyages en Gaule et cartographie antique dans la latinité tardive (IVe-VIe s.)

Les Commentarii de Jules César ont imposé une certaine vision de la Gaule et de son espace, représentation qui, dans une large mesure, perdure dans l’imaginaire collectif. Les recherches sur la cartographie et les récits de voyage dans l’Antiquité ont connu un renouveau ces dernières années et la représentation mentale de l’espace antique a constitué la trame d’ouvrages et de colloques récents. Cette session Voyages en Gaule et cartographie antique dans la latinité tardive entend interroger la perception de l’espace de la Gaule à une période charnière, trop souvent négligée : peu à peu les barbares s’installent en Gaule romaine et y établissent des royaumes fédérés, processus qui aboutit à de nouveaux espaces politiques en Gaule avec des royaumes autonomes puis à la fin de l’empire d’Occident. Parallèlement, la période qui va du IVe au VIe siècle connaît un renouveau des « lettres en Gaule », depuis les Panégyriques latins jusqu’à Venance Fortunat et offre donc un corpus de textes très variés- on ne s’interdira naturellement pas les récits décrivant la Gaule par des auteurs qui ne soient pas « autochtones » et qui peuvent offrir une relecture de topoi. Dans tous les cas, on se demandera comment ils vivent, décrivent l’espace, réel et mental, de la Gaule tardive et dans quelle mesure l’héritage antique se maintient et est renouvelé.

Le récit de voyage relève en effet d’une tradition antique, l’iter, qui se décline dans des rapports officiels, des textes d’historiens, des poèmes, des lettres. Dans l’émergence du genre romanesque en Grèce et à Rome, le motif du voyage fictif est également essentiel ainsi que l’a souligné Joëlle Soler (Écritures de voyage. Héritages et inventions dans la littérature latine tardive, Paris, Institut d’Études Augustiniennes, 2005). Par ailleurs, les figures de voyageurs sont variées : à côté de personnages mythiques qui peuvent servir de modèles ou de contre-modèles (Ulysse, Énée, Hercule), le soldat, le commerçant et le marin sont des images traditionnelles du voyageur qui subit les coups du sort et les aléas du voyage ; on peut aussi songer au rhéteur itinérant, à l’empereur en visites ou en (re)conquête de l’espace gaulois (par exemple Julien, Majorien), au gouverneur de province en tournée ou encore à l’aristocrate se rendant auprès de ses amis et pour qui le voyage est un agrément. À l’époque chrétienne, s’ajoutent évêques, missionnaires et pèlerins.

On s’intéressera, à travers un corpus aussi bien poétique (Ausone, Paulin de Nole, Rutilius Namatianus, Ennode de Pavie, Venance Fortunat…) que prosaïque (Panégyriques latins, Ammien Marcellin, Sidoine Apollinaire…), à l’espace gaulois que des voyageurs de toutes origines traversent, que le récit de voyages soit fictif ou réel. Comment ces voyageurs, qui effectuent des trajets plus ou moins longs, décrivent-ils ce monde ? Peut-on discerner une évolution de cet espace et de sa représentation liée à son évolution politique et religieuse ? Il s’agira d’étudier quelle cartographie, dans sa dimension géographique et littéraire, dessinent ces récits et quelle représentation de l’espace gaulois s’impose, en particulier à travers les éléments mis en valeur (forêts/ paysages cultivés, fleuves / montagnes, villes/ villae). Enfin, on s’intéressera à la dimension idéologique de cet espace (romain ? barbare ?) au regard de la christianisation et des bouleversements politiques subis.

2/ Voyages et cartographie missionnaire
Les rapports entre la mission d’évangélisation et la géographie sont anciens. Ils se développent dès l’entrée en scène des missionnaires. Rappelons tout d’abord que la conversion des autochtones fut l’une des principales motivations des voyages d’exploration. Ces liens ont été établis depuis les premiers travaux de François de Dainville (1909-1971), historien de la géographie et de la cartographie. En l’espèce, les jésuites ont joué un rôle moteur. Ils sont tout à la fois prédicateurs et parmi les premiers ethnographes. Ces religieux ont rapidement compris que la carte est un instrument de l’évangélisation. En cela, ils ont parfaitement assimilé la leçon du Père Lubin, religieux augustin, qui affirme : « La première et la plus sainte curiosité d’un évêque nouvellement consacré devroit être d’avoir une carte exacte et particulière de tout son évêché, comme étant le plus facile et le meilleur moyen de connaître la face de son troupeau » (Mercure géographique ou le guide du curieux des cartes géographiques, 1678). Autrement dit, la connaissance d’un territoire doit favoriser la conquête des âmes. Ainsi la formation jésuite intègre un enseignement de la géographie. Cet intérêt ne se limite pas à la période moderne. Au XIXe siècle, on retrouve une appétence semblable pour la science cartographique chez les missionnaires installés sur le continent africain.

Depuis les études pionnières de François de Dainville, de nombreuses publications sont venues nourrir la réflexion. Le temps est donc venu de dresser un bilan historiographique de cette question. Fidèles à une démarche interdisciplinaire, nous souhaitons croiser histoire religieuse et géographie. Dans cette perspective, nous invitons les contributeurs à s’interroger précisément sur le degré d’influence des travaux géographiques et cartographiques en matière de conduite des missions. Par ailleurs, il importe également de mettre en relation les représentations spatiales du clergé et les progrès techniques inhérents à la confection des cartes. Ce sont là quelques pistes de réflexion afin de mettre au jour les principales caractéristiques de la cartographie missionnaire.

3/ Voyages et reportages graphiques : albums, carnets, images de voyage
Le reportage graphique contemporain se définit comme la mise en scène d’une expérience vécue avec une subjectivité assumée « qui permet paradoxalement une compréhension plus immédiate et plus approfondie du sujet » (Art Spiegelman). Il semblerait que, lorsque la limite entre le reportage et l’autobiographie s’estompe, il s’agisse plutôt d’un carnet de voyage (selon le terme lancé en 1969 par Le Prix Kodak de la Société des explorateurs français), que d’un reportage graphique ; la réalité vécue du seul point de vue du dessinateur n’est plus du journalisme mais du témoignage parfois très subjectif où l’émotion peut remplacer la quête de vérité. La création plastique repose sur cette subjectivité sensorielle et émotionnelle que le carnet de voyage place au centre de son propos et d’une cartographie sensible du périple.

La définition du reportage, du témoignage et du documentaire détermine ce que nous entendons par « reportage graphique ». Afin de « capter les vues de l’esprit » selon Blaise Cendrars, le dessinateur transmet le ressenti, l’ambiance ou l’atmosphère du lieu et ne montre pas la situation de la même manière que la photographie (Jean-Charles Langlois l’a démontré en 1860 dans son photo-reportage de la guerre de Crimée). L’enjeu documentaire ne serait pas de reproduire le monde mais de l’interroger et d’en chercher des angles de vue révélateurs afin d’effectuer une composition ou un montage significatif.

Médium du témoignage du voyage vécu, l’art de l’illustration est donc, grâce à sa richesse sémiotique, à l’origine d’une diversité de genres : de l’album générique à la bande dessinée ou au carnet de voyage. Du documentaire au livre d’artiste, le carnet de voyage, dans la lignée des Peintres de la marine et des artistes carnettistes, déploie sa palette de tons et d’images et offre une vision plurielle et multiforme des lieux, du monde et de l’ailleurs (Argod, 2009 et 2011).

Le reportage graphique s’illustre à travers la bande dessinée reportage (qui a donné lieu à la rétrospective BD Reporters au Centre Georges Pompidou en 2006-2007) ou d’actualité (attribution du Prix France Info de la bande dessinée d’actualité et de reportage depuis le festival d’Angoulême de 2004) et le carnet de voyage à la vision ethnographique. Sa palette thématique se décline sous toutes les formes : carnet de guerre, album photographique, B.D. – reportage (Bernière, 2002 et 2003), carnet de dessin de presse sur la différence culturelle, carnet reportage, carnet de société, de mission ou d’expédition…Dans le cadre de cette session, on s’interrogera tout particulièrement sur la manière dont chacun d’eux rend compte des lieux selon son langage ou son médium iconographique propre.

Toutes les modalités pour soumettre une proposition de communication sont disponibles sur le sitehttp://calenda.org/248358?utm_source=lettre.

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Maude Flamand-Hubert

Je suis professeure adjointe en politiques appliquées à la forêt privée à la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval. J'ai soutenu en 2017 ma thèse de doctorat, intitulée "La forêt québécoise dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires" (cotutelle en développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et en histoire à Sorbonne Paris-IV). Mes intérêts de recherche portent sur l'exploitation des ressources naturelles et les politiques publiques, l'histoire forestière, régionale et environnementale, le Québec au XIXe et XXe siècle, les représentations de la forêt et des milieux forestiers.
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