Editor’s note: this post first appeared in the historical GIS series as New Ways to Imagine an Old City. It has been translated by members of Géohistorie Canada: Partenariat canadien en systèmes d’information géographiques historiques.
Imaginez si vous pouviez examiner l’ensemble du portfolio immobilier de tous les propriétaires dans une grande ville en plus des descriptions détaillées des ménages d’environ un tiers des locataires. Imaginez si, lorsque vous l’avez fait, vous avez découvert que les femmes possédaient un quart de toutes les unités locatives dans la plus grande ville du Canada au tournant du siècle et qu’elles semblent avoir géré ces propriétés différemment. Cela ne changerait-il pas votre façon de penser les relations de genre du passé?
Il ne s’agit là que d’un exemple du potentiel remarquable des nouvelles possibilités découlant de la dernière phase de l’infrastructure de recherche Montréal, l’avenir du passé (MAP), le SIG historique le plus ancien et le plus important au Canada.
Cette ressource exceptionnellement riche se compose de quatre éléments distincts: une nouvelle cartographie de toutes les propriétés de la ville en 1903, détaillant qui possède quoi; un index de tous les chefs de ménage dans le recensement de 1901 lié à cette carte au niveau du lot; un échantillon de 30% des déclarations de recensement manuscrites des ménages de la ville; ainsi qu’une carte vectorielle géoréférencée de tous les 101 353 bâtiments de la ville en 1912.
Ces outils de recherche pour comprendre la ville de Montréal pendant la période victorienne sont construits sur les strates antérieures de MAP (1880, 1846 et 1825) qui sont disponibles en ligne. Leur combinaison permet une étude détaillée de l’évolution de l’utilisation des terres et des densités de la population sur un siècle. La transformation de notre relation avec le reste de la nature est frappante. Il en va de même pour le développement de paysages de banlieue qualitativement nouveaux où l’environnement qui comptait le plus était sa propre famille.
La carte de 1903 est basée sur une publication de 1360 pages du Conseil municipal énumérant toutes les propriétés dans la ville qui, comme le dit la préface, a été « conçu pour agir comme une incitation à la vente de propriété ». Pour cela, il a fallu identifier correctement chacun des 11 322 propriétaires individuels ainsi que les 469 propriétaires d’entreprises ou d’établissements. En plus de la superficie en pieds carrés, les dimensions approximatives, la valeur locative et les évaluations des immeubles et des terrains pour chaque propriété étaient donnés ainsi que les numéros civiques des propriétés construites.
Un aspect novateur de cette publication était son utilisation de prix standardisés très révélateurs pour l’évaluation de la terre, allant de 2¢ à 18$ le pied carré. Naturellement, les valeurs les plus élevées se trouvaient le long de la rue St-James, la capitale financière du Canada, mais on peut également voir l’émergence des deux enceintes commerciales bourgeoises linguistiquement séparées sur la rue Sainte-Catherine. À un niveau plus subtil, les valeurs sur les principales rues transversales et sur les lots d’angle révèlent l’importance des relations économiques localement contrôlées dans chaque quartier.
En utilisant les descriptions pour chacune des 32152 entrées de ce rouleau, en conjonction avec les atlas de Goad 1897 et de Pinsonneault 1907, j’ai cartographié 30799 propriétés individuelles. Il n’était pas inhabituel qu’une seule entrée représente plusieurs lots adjacents, alors que les propriétés industrielles complexes étaient souvent composées de nombreuses entrées sur le rouleau, mais avaient une grande partie des données énumérées sous une seule entrée. Cela était plus évident avec les lignes de chemin de fer.
Nous avons relié l’index des ménages à leurs lots respectifs. Nous sommes encore en phase finale de vérification de ce travail, mais nous avons déjà lié 98,4% de tous les ménages pour lesquels le recensement a fourni une adresse civique. Ce niveau remarquable de liens était possible parce que nous nous basions principalement sur l’emplacement plutôt que sur les noms. Chaque enquêteur du recensement a élaboré sa propre approche spatiale à leur tâche qui se reflète dans l’ordre des ménages dans les déclarations manuscrites. Cet ordre spatial interne, analysé en conjonction avec les listes de rues et les listes alphabétiques de l’annuaire de 1901 et les numéros de rues dans l’atlas de Pinsonneault, nous a permis de relever le taux de liaison initialement très respectable de 84% basé sur le géocodage à une couverture presque complète.
Cet indice fournit des renseignements sur 70076 ménages sur l’île de Montréal, 51 758 se trouvaient dans les limites de la ville de 1901. Compilé par des généalogistes grâce à un effort collectif et bénévole, cet indice fournit divers niveaux d’information. Pour la ville elle-même et par ordre décroissant de couverture, il contient des données sur : la taille de 99% des ménages; le nom et le nom de famille de 99% des chefs de ménage, l’adresse civique de 96% des ménages, le nombre de pièces dans 90% des logements, le statut d’emploi de 32% des chefs de ménage, le revenu de 25% des ménages, la présence et le nombre de domestiques dans 9% des ménages. Utilisée avec circonspection, cette information descriptive, certes limitée, peut être très utile dans les premières étapes de l’élaboration d’un projet de recherche, car toutes les données peuvent maintenant être vues spatialement.
En 2007, Sherry Olson a demandé à des collèges dont les projets de recherche avaient impliqué le recensement de 1901 à Montréal s’ils seraient disposés à fournir leurs bases de données à un échantillon combiné. Cinq équipes de projet ont accepté son invitation : Peter Baskerville et Eric Sager en ont fourni deux (le Projet canadien de la famille ainsi que leur échantillon précédent pour l’étude des chômeurs); le projet de démographie de Danielle Gauvreau et Peter Gossage; Le projet de Mary MacKinnon sur les salaires et l’emploi; ainsi que la collaboration de Patricia Thornton et Sherry sur la mortalité infantile. Les objectifs divergents de ces projets combinés à leurs différentes méthodologies signifiaient qu’il y avait beaucoup de travail dans l’édition et l’achèvement de la saisie des données, de sorte que le fichier contenait tous les retours pour toutes les catégories dans les ménages échantillonnés. Le résultat a toutefois été plus que valable puisque 30,7% de tous les ménages de l’indice sont inclus dans cet échantillon combiné.
Ce n’est pas un échantillon aléatoire. Comme on peut le constater dans la couverture spatiale par quartier, les quartiers suburbains plus récents au-delà des limites de la ville en 1880 sont nettement sous-représentés, alors que la célèbre « ville en dessous de la colline » du quartier Saint-Anne a reçu la plus grande attention. En outre, chaque projet utilise une technique d’échantillonnage différente, il faut donc faire preuve de prudence dans la sélection des enregistrements à inclure dans une requête particulière. Néanmoins, la taille de ce nouvel ensemble de données nous permet de répondre à des questions plus détaillées et, grâce à l’articulation spatiale et à la possibilité d’utiliser l’index, de le faire de façon beaucoup plus contextualisée. Par exemple, à l’aide de cet échantillon combiné, j’ai été récemment en mesure de comparer les habitudes des communautés sépharade, cantonaise, syrienne, néo-terrelandaise et italienne nouvellement arrivées. Cela n’aurait tout simplement pas été possible de travailler avec ce qui était auparavant le plus grand jeu de données (5%) disponible publiquement.
L’élément final de la nouvelle version du MAP est notre géoréférencement le plus précis de l’environnement bâti de Montréal. Aidée par plusieurs étudiants et avec les conseils techniques de Don Lafreniere, Sherry Olson a créé au cours de trois dernières années cette vue du 21e siècle de l’atlas de Goad 1912. Dans notre travail précédent, nous avons dessiné des polygones pour chacune des trois couches : bâtiments, lots et blocs. Cela a conduit à de nombreuses inexactitudes, car les bâtiments n’étaient pas nécessairement alignés correctement avec les lignes de lot ou d’autres caractéristiques que nous avions dessinées. Pour 1912, nous avons utilisé une technique différente. Nous avons simplement dessiné des lignes, qui dans le SIG sont appelées arcs, partout où il y avait une ligne sur la carte originale. Nous avions le logiciel de SIG pour combiner ces lignes dans tous les polygones possibles, puis nous avons sélectionné et combiné les milliers de formes résultantes dans des couches distinctes pour les bâtiments, les lots, les blocs, etc. Cette technique était plus rapide et plus précise. Les éléments qui partagent des lignes sur la carte originale sont construits à partir des mêmes arcs, éliminant ainsi les chevauchements et les petits fragments d’information.
Nous n’avons pas encore associé de données démographiques pour cette carte, mais grâce à ses détails riches sur 49967 bâtiments couverts en brique ou en pierre et les 50458 en bois, on peut déjà anticiper une variété d’analyses. Les transformations engendrées par l’arrivée du chemin de fer sont le présage d’une nouvelle économie. Alors que les processus contradictoires d’une augmentation de densités de population de même qu’une augmentation considérable de l’espace pour les familles de la classe ouvrière et de la classe moyenne nous parlent des choix sociaux et culturels de créer ce nouvel environnement urbain.
Les quatre éléments de cette dernière addition à MAP sont actuellement en test bêta. Nous prévoyons la libération complète des produits finis lors de la réunion de l’Association canadienne de l’histoire à Toronto en mai. Les étudiants diplômés qui ne peuvent pas attendre aussi longtemps et sont prêts à travailler avec les versions bêta devraient me contacter directement.
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