Ce projet aborde le changement environnemental au Québec entre 1763 et 1918 comme produit de l’intégration de la vallée laurentienne dans des circuits d’échanges commerciaux internationaux. Pendant le long 19e siècle, les ports de Québec et de Montréal s’activent fortement pour approvisionner en ressources naturelles et alimentaires la Grande-Bretagne. L’extraction et la transformation de ressources depuis la vallée laurentienne entraînent son lot de conséquences environnementales et paysagères qui forment partiellement l’empreinte écologique de l’industrialisation britannique. Pour saisir cette empreinte, nous utilisons la notion d’hectares fantômes. En histoire de l’environnement, les hectares fantômes désignent la superficie supplémentaire que requiert un pays pour surmonter les limites écologiques de son territoire immédiat et obtenir les ressources nécessaires à l’approvisionnement de sa population et de son industrie. La notion d’hectares fantômes telle que nous souhaitons la révéler, embrasse à la fois les changements des paysages agro-forestiers de l’arrière-pays ainsi que les modifications de l’espace urbain et des installations portuaires nécessaires à la circulation et au commerce des ressources et des marchandises. À cette fin, nous reconstituons les réseaux d’échanges de ressources – des matières premières et alimentaires consommatrices d’espace –, depuis le site d’extraction jusqu’à leur destination pour identifier les transformations environnementales qui résultent de leur insertion dans les circuits économiques transatlantiques. Notre recherche s’articule autour des produits forestiers et agricoles pour lesquels nous analysons l’intensité et la spatialité des activités d’extraction ainsi que les infrastructures portuaires et industrielles mises en place en Amérique et en Grande-Bretagne pour la circulation de ces produits. La description des transformations paysagères du commerce des ressources naturelles et alimentaires, extraites de la vallée laurentienne puis exportées vers la Grande-Bretagne, nous mènera à cerner les répercussions environnementales de l’approvisionnement colonial de la métropole. En mettant ainsi au jour l’empreinte écologique de l’industrialisation de la Grande-Bretagne, c’est une dimension négligée de l’intégration de la colonie canadienne à l’empire britannique que nous serons en mesure de dégager.
This project addresses environmental change in Quebec between 1763 and 1918 as a product of the integration of the St. Lawrence Valley into international trade networks. During the long 19th century, the ports of Quebec and Montreal were active in supplying Great Britain with natural resources and food. The extraction and transformation of resources from the St. Lawrence Valley brings with it environmental and landscape consequences that contributed to the ecological footprint of British industrialization. To capture this footprint, we use the concept of ghost acres. In environmental history, ghost acres refer to the additional area a country needs to overcome the ecological limits of its immediate territory and to obtain the resources needed to supply its people and factories. The notion of ghost acres, as we interpret it, explores the transformations in the agro-forestry landscapes of the hinterland as well as changes in urban space and port facilities necessary for traffic and trade. To this end, we are rebuilding resource exchange networks – space-consuming raw materials and food – from the extraction site to their destination to identify the environmental transformations that result from their insertion into transatlantic economic circuits. Our research focuses on forest and agricultural products for which we analyze the intensity and spatiality of extraction activities as well as the port and industrial infrastructures set up in Quebec and Great Britain. The description of the landscape transformations of the trade of natural resources and food, extracted from the St. Lawrence valley and then exported to Great Britain, will lead us to understand the the colonial environmental repercussions of British urbanization. By thus exposing the ecological footprint of Britain’s industrialization, we will examine a neglected dimension of Canada’s integration into the British Empire.