Un statut précédent de Jim Clifford révisait une interprétation classique de l’histoire forestière concernant le caractère éphémère de la contribution canadienne aux importations de bois en Grande-Bretagne dont l’approvisionnement provenait majoritairement des ports de la mer Baltique. Loin de constituer un épisode de courte durée achevé par la libéralisation du commerce international au mitan du 19e siècle, la consommation britannique de bois canadien demeura robuste jusqu’à la fin du siècle, même si la Suède et la Russie devinrent les principaux fournisseurs de la Grande-Bretagne.
Dans cette affiche scientifique, Manon Jenni apporte de nouvelles dimensions à cette réinterprétation en cartographiant des données puisées dans le Timber Trades Journal, un journal commercial publié à Londres par la principale association des marchands de bois de Grande-Bretagne à partir de 1873. Elle démontre la bonne tenue des exportations canadiennes qui, dorénavant composées principalement de bois de sciage, étaient destinées à l’ensemble des ports britanniques, y compris sur la côte est, à proximité de la mer Baltique. L’historiographie n’aurait considéré que les exportations de bois équarris pour affirmer le déclin du commerce canadien. En quelque sorte, elle aurait repris, sans les critiquer, les propos des marchands de bois du port de Québec dont les activités, axées sur cette marchandise, déclinaient considérablement dans la deuxième moitié du 19e siècle.
Castonguay, Stéphane. 2020. «La fin de la forêt laurentienne : une géographie forestière de la première mondialisation», Cahiers de géographie du Québec, vol. 65, no 183, p. 269-281.
Stéphane Castonguay
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