Parution de la revue Histoires forestières : Inspirations

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Le numéro automne 2012-hiver 2013 de la revue Histoire forestière, consacrée aux résonnances créatives et spirituelles que peuvent évoquer la forêt, vient de paraître sous le titre « Inspirations ». Si l’imaginaire s’est taillé une place de choix dans l’histoire forestière, le thème de l’inspiration tente de sonder cet imaginaire dans ses dimensions les plus abstraites et intimistes.

 

Le premier article de la revue (« En passant par les épinettes », par Berthier Plante) pose un regard sur notre rapport au bois et sa transformation en instrument de musique. On peut y suivre le parcours de la lutherie au Québec depuis ses débuts artisanaux jusqu’à l’institutionnalisation en véritable art de faire. Rien d’étonnant quand on connaît l’importance culturelle du violon, son rôle incontournable dans les veillées et compagnon des longues soirées au chantier. On y découvre aussi le temps fort du piano de bois canadien au tournant du vingtième siècle et celui de la guitare dans l’Après-guerre. Autant de façon qu’on a eu de transformer les essences forestières canadiennes en musique, de tirer profit des qualités acoustiques que l’on a su leur découvrir et mettre en valeur. Mais comme pour bien d’autres utilisations spécialisées, la fabrication des instruments de musiques souffre de la rareté des bons spécimens et des contraintes liées à leur sélection.

 

L’anthropologue Rémi Savard nous entraîne du côté des mythes autochtones. On prend contact avec le premier Homme, dont la mère a été tuée alors qu’elle était enceinte de lui. Il termina ainsi sa croissance dans une boîte de bois. Plus généralement, la vie des bébés débuterait dans le creux des souches, alors que la mort trouve son refuge dans les hauteurs des arbres par des sépultures aériennes. Un aperçu des liens qui unissent les peuples autochtones à la forêt jusque dans leur définition d’eux-mêmes à travers les voies sacrées qui unissent la vie et la mort. (D’ailleurs, on peut lire le livre de Rémi Savard, La forêt vive (2004, Les Éditions du Boréal) pour découvrir plus en détail les différents mythes fondateurs du peuple innu).

 

La chronique anthropologique de Martin Hébert permet de découvrir un aspect moins connu du plus célèbre des botanistes québécois. Il nous révèle le caractère contemplatif qui animait la passion scientifique du Frère Marie-Victorin. Au-delà du vaste travail d’inventaire, se dévoile une fascination pour la beauté et le mystère du vivant, pour ce lien transcendant qui unit l’homme à cette nature qui l’entoure et de laquelle il fait partie. Un peu dans la même veine, ou plutôt dans ses suites, la revue propose une captivante entrevue avec Mgr Bertrand Blanchet, archevêque retraité du diocèse de Rimouski et docteur en sciences forestières. On le suit donc à travers son cheminement de scientifique et de prêtre, depuis les jeunes naturalistes jusqu’à la faculté de foresterie de l’Université Laval, depuis le séminaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière à l’archidiocèse de Rimouski. Un parcours entre la foi et la science, jalonné d’hypothèses, de conviction et d’intuitions, de certitudes et d’incertitudes sur la complexité des phénomènes vitaux, sur le travail des scientifiques et le principe anthropique, ainsi que sur la beauté et le hasard. Une rencontre entre la foi et la raison, si souvent opposées dans les débats entre religion et science. On y côtoie l’homme qui n’a pas peur de participer aux grands débats bioéthiques et environnementaux qui animent notre société, dans une discussion sur le rôle de la genèse dans l’écocide environnemental actuel, sur les grands principes du développement durable et la désacralisation de notre rapport à la nature et ses conséquences sur l’exploitation de la forêt.

 

Pour se procurer la revue : http://shfq.ca/revues-histoires-forestieres-du-quebec-volume-5-no-1

 

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Maude Flamand-Hubert

Je suis professeure adjointe en politiques appliquées à la forêt privée à la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval. J'ai soutenu en 2017 ma thèse de doctorat, intitulée "La forêt québécoise dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires" (cotutelle en développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et en histoire à Sorbonne Paris-IV). Mes intérêts de recherche portent sur l'exploitation des ressources naturelles et les politiques publiques, l'histoire forestière, régionale et environnementale, le Québec au XIXe et XXe siècle, les représentations de la forêt et des milieux forestiers.

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