Le raisin : une histoire de climat et de goût

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Maude Flamand-Hubert
Maude Flamand-Hubert

Depuis les années 1980, plusieurs vignobles ont vu le jour au Québec.

Principalement situés dans la région des Cantons-de-l’Est, la culture du raisin et la production de vin se sont étendues vers l’est jusqu’à la ville de Québec, voire même jusque dans la région du Bas-Saint-Laurent. Les défis que présentait cette culture, a priori indisposée par les hivers québécois, ont su être surmontés.

Mais les efforts investis pour réussir à faire pousser du raisin possédant les qualités nécessaires à la production de vin ne datent pas de la fin du 20e siècle. Les premiers Européens avaient déjà tenté, au 17e siècle, d’introduire des ceps français en terre d’Amérique. La courte saison estivale laissant rarement le temps aux fruits d’atteindre la taille suffisante pour le transformer, on le consomme donc surtout comme raisin de table. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, encouragées par les résultats rencontrés chez le voisin américain, de nouvelles tentatives sont entreprises. On assiste alors à un véritable essor de la production du raisin, qui durera jusqu’au début du 20e siècle, avant de décroître pour finalement tomber pratiquement dans l’oubli jusque dans les années 1980. Mais pas totalement, puisque certains viticulteurs amateurs persévéraient. La renaissance et l’expansion de la culture de la vigne au Québec sont grandement redevables à un personnage, Joseph O. Vandal, professeur de génétique à l’Université Laval, ainsi qu’à ses travaux portant sur des croisements de différentes variétés de vignes jusqu’à développer des cépages acclimatés au climat québécois. C’est aussi en adaptant certaines techniques de culture, comme le renchaussement des plants à l’automne afin de protéger les plans du gel, que les vignes ont proliféré dans le paysage.

Mais le développement de l’industrie viticole au Québec est surtout le résultat des tendances culturelles en matière d’alimentation et de consommation. En effet, si les vignobles ont réussi à susciter l’intérêt des consommateurs québécois, malgré les problèmes de commercialisation et de distribution, c’est en s’associant à cet engouement généralisé pour la gastronomie et la valorisation, voire souvent la création, des produits du terroir. On compte maintenant une soixantaine de vignobles commerciaux, qui offrent une diversité de vins et de produits gastronomiques qui répondent aux aspirations d’une catégorie de consommateurs friands des plaisirs champêtres. Plus largement, les viticulteurs ont participé à redéfinir le rapport des Québécois à l’environnement rural en le mettant au goût du jour.

Quelques sources et références pertinentes :

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Maude Flamand-Hubert

Je suis professeure adjointe en politiques appliquées à la forêt privée à la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval. J'ai soutenu en 2017 ma thèse de doctorat, intitulée "La forêt québécoise dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires" (cotutelle en développement régional à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) et en histoire à Sorbonne Paris-IV). Mes intérêts de recherche portent sur l'exploitation des ressources naturelles et les politiques publiques, l'histoire forestière, régionale et environnementale, le Québec au XIXe et XXe siècle, les représentations de la forêt et des milieux forestiers.

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